Louvre - Objets de l’antiquité du moyen orient

Parmi les grandes collections d’objets de l’antiquité du moyen orient celle du Louvre est sans doute l’une des plus impressionnante. Rassemblant différents objets datant de diverses époques, la collection fait un survol de toute l’historiographie mésopotamienne antique. Cette collection expose les icônes les plus connues des monuments antiques de ces régions. Ce qui impressionne c’est l’éventail de l’échantillon présenté. De la stèle du code d’Hammourabi, roi de Babylone, aux statues en diorite de Guidea, jusqu’à la stèle du roi Naram-Sîn cette exposition rassemble les artefacts les plus connues et les plus représentés dans la culture populaire contemporaine sur ce sujet. Toutes les œuvres exposés transcendent une forme de « numineux » (Otto, 1917) qui rend mystique leurs analysent. Un monde ancien, aux religions et coutumes les plus diverses et les plus éloignés de notre entendement s’ouvrent à nous par les vestiges du passé. Par leurs sujets et leurs importances, ces œuvres transpirent le religieux et exposent un regard sur le monde partagé par les peuples mésopotamiens de jadis. Je trouve intéressant alors de faire ce présent travail sur cette collection. En quoi consiste cette collection ? Tout d’abord il sera question de décrire la collection du Louvre dans les grandes lignes en s’attardant sur quelques œuvres particulières. Ensuite, même si le Louvre semble être une institution connue, il serait pertinent de faire l’historiographie de son département des antiquités orientales pour comprendre comment ces œuvres et monuments furent acquis et dans quels contextes ils furent découvert. De plus, avec ces informations nous serons en mesure de faire une analyse critique de la collection.

Premièrement, la collection présentée sur le site du Louvres se compose de cinquante-neuf œuvres. Ceci n’est qu’une fraction de l’ensemble de la collection privée du musée qui compte plus de cent-cinquante-milles artéfacts. Les objets présentés vont du IVe millénaire à quelques siècles avant l’ère commune. De la petite tablette archaïque d’Uruk III, aux gigantesques taureaux androcéphales de Dur-Sharrukin, l’exposition montre une collection aux formes et aux dimensions diverses. Toutes les œuvres exposées expriment la beauté de plusieurs époques étalées sur plusieurs millénaires. Celles qui furent choisies sont impressionnantes et imposent un respect hors des âges. Chaque œuvre est accompagné d’une description plastique et de son importance dans l’historiographie mésopotamienne. Des informations complémentaires sont disponibles sur la même page, décrivant les matières dans laquelle les objets sont fait. Certaines œuvres sont présentées sur tous leurs côtés de manière à voir l’entièreté des pièces, tandis que d’autres n’ont qu’une photo accompagné d’un gros plan sur un segment important. Fait particulier, toutes les descriptions sont accompagnées d’une bibliographie démontrant les références reliées à l’œuvre, informations utiles pour ceux dans ce domaine d’études. Chaque description à son auteur-e, soulignant le travail individuel des chercheur-e-s.

Comme mentionné plus haut, nous avons ici une collection sélecte d’œuvres plus ou moins connues. Certaines, comme la sculpture de Pazuzu, ont déjà leur place dans l’imaginaire populaire collectif, notamment grâce à des films comme l’Exorciste, d’autres ont le mérite d’être des œuvres clefs pour l’interprétation de l’historiographie mésopotamienne. La collection montre surtout des objets impressionnants, sculptures, bas-reliefs et statuettes, mais peu d’objets usuels de la vie courante des mésopotamiens antiques. Le ressort religieux est très prenant dans ces œuvres qui représentent le plus souvent des rites, des objets rituels ou des démonstrations d’êtres humains importants rencontrant l’intérêt d’anciens dieux. On y voit se peindre une culture mystique, hiérarchisée et complexe. On peut surtout y admirer des œuvres qui avaient été placées pour la postérité et qui, aujourd’hui encore, subjuguent l’être.

En second lieu, le Louvre en tant que musée à une longue histoire. D’abord un palais royal sous l’ancien régime, il devient peu à peu un premier musée pour les trésors royaux. Après la révolution Française, il reste un musée, mais est au service de la république (Montjouvent,2009). Ce musée traverse tant bien que mal les turpitudes jusqu’aujourd’hui passant tous les régimes et toutes les républiques lui conférant un aspect patrimoniale important en France. Le Louvre étant une institution centenaire, il faut remonter à la seconde moitié du XIXe siècle pour voir apparaître un département particulier pour les œuvres de l’antiquité du Moyen Orient. Ce moment coïncide avec les premiers résultats de recherches archéologiques récemment développé comme domaine scientifique. La France avait entrepris des recherches et des fouilles en envoyant des missions dans l’empire Ottoman et la Perse suite à leurs ambassades. Ce sont des consuls Français qui les premiers entreprirent des fouilles et précisément en Mésopotamie (Louvre, 2016). Des cultures depuis longtemps disparues reprirent peu à peu vie dans cette collecte d’information. Dès 1847, une exposition sur les Assyriens prenait l’affiche au Louvre. En 1881, les premières œuvres proprement sumériennes font leurs apparitions au musée suite à des fouilles dans le Sud de la Mésopotamie (Louvre,2016). Ces découvertes incitent les dirigeants du musée à concéder un département particulier aux recherches du Moyen-Orient antique. Les fouilles se poursuivront avec la concurrences des chercheurs Anglais et Allemands, jusqu’aux violents troubles européens du début du XXe siècle (FranceInter, 2015).

Après la première Guerre Mondiale, les fouilles reprennent, mais désormais l’Irak et la Syrie sont sous mandat Français ce qui stimulent les fouilles. Celles-ci sont faites sous contrôle militaire alors que la situation est tendue dans ces régions post-impériale ottomane. Les missions se spécialisent et ne se concentrent plus sur amasser le plus grand nombre d’œuvres possibles, mais sur des recherches plus poussées sur les tells (Glassner, 2005) et les vestiges antiques. Ensuite, la montée des identités nationales en Nation lors de la moitié du XXe siècle, poussent les missions archéologiques à mixer leurs efforts avec les gouvernements locaux. Aujourd’hui, l’instabilité géopolitique de ces régions empêchent les fouilles sérieuses et laisse le champ à des scènes de pillages digne des premiers temps de l’archéologie vu la valeur de revente des artéfacts.

Troisièmement, autant du point de vu de la forme que celui de l’acquisition des œuvres, le Louvre n’est pas hors de toute critique. L’information complémentaire est lacunaire et n’indique pas des éléments essentiels pour la visualisation, comme la taille et le poids de l’œuvre. Les origines d’acquisitions sont nommées, mais répondent à une nomenclature archéologique aride et peu accessible aux néophytes. Parfois des dates accompagnent l’information d’acquisition, mais sans plus. Bien que les méthodes archéologiques de l’époque d’avant 1930 se rapprochaient plus du pillage que de la recherche approfondis sur les peuples disparus, il serait intéressant de savoir comment ces objets furent découverts et dans quel contexte. Des études contemporaines étudient justement cette relation entre archéologie et contexte sociétaire (Gillot 2011), l’exemple des fouilles Françaises montrent cette relation aiguë entre colonialisme et impérialisme, les deux justifiants l’accaparement des richesses de l’humanité. De surcroit, il serait plus avantageux d’être d’une bonne foi intellectuelle de présenter ce contexte tout en permettant une lecture de l’œuvre comme telle. Finalement, l’exposition du département d’antiquité moyen orientale du Louvre est très impressionnante. Elle expose une collection hétéroclite d’objets qui traverse le temps et permet aujourd’hui d’appréhender un peu des peuples depuis longtemps disparus. Nous avons devant nous les plus belles trouvailles de ces époques, les monstres sacrés de l’historiographie mésopotamienne, sans pour autant voir ces anciens peuples vivre et être compris dans son ensemble. Nous ne voyons que ce que des rois ont laissé à la postérité, sans savoir ce que le peuple qui a permis cette postérité vivait lui.

-David Martin

Sources

Monographie

GLASSNER, Jean-Jacques. 2005, La Mésopotamie. Collection Guide belles lettres des civilisations, France 327 pages. MONTJOUVENT, Philippe de. 2009, Le Louvre, palais des rois, palais des arts. Timée-Édition, Croatie, 143 pages. OTTO, Rudolf. 2015 (1917), Le Sacré ; l’élément non rationnel dans l’idée du divin et sa relation avec le rationnel. Payot, Paris, 284 pages.

Sources internet

Site internet du Louvre où se trouve la collection présenté (vérifié le 19-10-2016) http://www.louvre.fr/departments/antiquit%C3%A9s-orientales/oeuvres-choisies?dep=124&title=&subdep=130&nrppage=50&s=date&dir=a
Site internet du Louvre sur l’historiographie du département d’antiquités orientales
(Vérifié le 19-10-2016) notation ( Louvre, 2016) http://www.louvre.fr/departments/antiquit%C3%A9s-orientales

Articles

GILLOT, Laurence. 2011, Socio-histoire de l’archéologie française au Moyen-Orient Le cas de la Syrie. Les Nouvelles de l’archéologie, no. 126 p. 55 à 59.

Source de l’article (vérifié le 19-10-2016) https://nda.revues.org/1209

Entrevue

Entrevue podcast sur You Tube de France Inter sur les fouilles archéologiques françaises (vérifié le 19-10-2016) https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-03-juin-2015